Doves No.2 (1915)

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UGS

Peintre suédoise.

Il a fallu attendre l’exposition The Spiritual in Art: Abstract Painting 1890-1985, au Los Angeles County Museum of Art en 1986, pour que l’œuvre de Hilma af Klint soit enfin reconnue par l’histoire de l’art et le grand public. Ses tableaux sont alors exposés aux côtés de ceux de Mondrian, de Vassily Kandinsky et de Kasimir Malevitch. Et pourtant, au regard des dates de ses premières œuvres abstraites, il apparaît que la peintre, bien en avance sur son temps, ne peut pas avoir été influencée par les artistes considérés comme les pionniers de l’art abstrait. Son parcours solitaire et atypique est fortement relié à un cheminement spirituel et ésotérique. Seul un petit groupe d’initiés connaissait jusque-là ses peintures « mystiques », elle-même étant convaincue que le grand public n’était pas prêt à les comprendre. La botanique et les mathématiques constituent des centres d’intérêts importants pour sa famille. Elle passe ses étés dans un manoir près du lac de Mälaren, non loin de Stockholm, où la beauté de la nature marque indéniablement ses orientations artistiques. Elle étudie d’abord à l’École technique artistique de Stockholm vers 1880, puis à l’Académie royale des beaux-arts (1882-1887). Elle peint alors essentiellement des paysages et des portraits (Utsikt över Mälaren [Vue sur le lac Mälaren], 1903), faisant preuve d’une sensibilité typique de son époque.

Vingt années durant, elle continue à peindre dans ce courant académique, sans aucun contact avec les mouvements européens d’avant-garde. Puis, en 1906, sous l’influence du Mouvement théosophique créé par la Russe Helena Blavatsky (1831-1891) et dont l’importance est alors considérable, elle se passionne pour les phénomènes médiumniques et constitue, avec quatre autres femmes artistes, le groupe ésotérique De fem (Des cinq). Au cours d’une de leurs séances de spiritisme, un esprit du nom d’Amaliel exige qu’elle se lance dans une suite de tableaux. C’est ainsi que naît la série des Målningarna till Templet (Peintures pour le temple). Ce travail, réalisé en peinture médiumnique – c’est-à-dire automatique –, quelquefois dans une sorte de transe, est mené de 1906 à 1908, puis de 1913 à 1915. Regroupant plus de 190 tableaux, il s’articule en différents groupes de peintures, dont les séries WU (La rose) ou De Tio Största (Les dix plus grands). Toutes expriment une recherche d’harmonie fondée sur l’opposition de principes antinomiques : le couple masculin- féminin est une métaphore du clivage entre la vie spirituelle (symbolisée par la lettre « U ») et le matériel (symbolisé par le « W ») ; de même, l’utilisation du bleu se rapporte à la femme et le jaune à l’homme. En 1916, un an après l’achèvement de son œuvre, l’artiste fera construire sur une île proche de Stockholm un atelier destiné à exposer la série « mystique », dont elle réservera l’accès à des personnes choisies. Parallèlement à sa création, elle continue, de 1910 à 1914, à présenter des œuvres académiques, pour elle alimentaires, à certaines expositions de l’Association des femmes peintres suédoises, dont elle est membre. En 1914, elle expose des portraits et des paysages à l’Exposition baltique à Malmö, où V. Kandinsky montre des toiles abstraites. De 1916 à 1920, elle poursuit ses recherches sur le monde astral, aboutissant à une forme d’abstraction pure, comme le révèlent les séries marquantes de cette période : Perceval (1916), L’Atome (1917).

Après la mort de sa mère en 1920, elle emménage à Helsingborg et se passionne pour la pensée de Rudolf Steiner, fondateur et chef, depuis 1912, de la Société anthroposophique. Il en résulte, dans les deux décennies qui suivent, des aquarelles de petit format, figuratives comme non figuratives. À sa mort, elle laisse une œuvre considérable, riche de plus de 1 000 pièces, qu’elle lègue à son neveu Erik af Klint, sous condition testamentaire de ne pas l’exposer avant vingt ans. Mais ce n’est que quarante ans après son décès que le grand public découvre enfin l’ampleur et l’extraordinaire modernité de ces œuvres abstraites qui autorisent une relecture de la naissance de l’abstraction dans l’histoire européenne de l’art. Une fondation est consacrée à son œuvre à Stockholm. En 2008, l’exposition Traces du sacré, au Centre Pompidou à Paris, accorde une large place à son travail. En 2013, le Moderna Museet de Stockholm lui consacrera une exposition Hilma af Klint: A Pioneer of Abstraction.

Guenola Stork

Extrait du Dictionnaire universel des créatrices
© 2013 Des femmes – Antoinette Fouque